
L'Italie, le fascisme et l'État
Continuités et paradoxes
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Collection « ITALICA »
Résumé
Ce livre constitue à la fois une histoire des institutions fascistes et une étude de l’État césariste. Le fascisme se proclama totalitaire et corporatiste, mais fut-il véritablement l’un et l’autre ? Il prétendit construire un État nouveau, mais réutilisa en abondance des éléments de l’État libéral. Autoritaire et dictatorial, il concentra les pouvoirs publics, mais accepta aussi leur relative pluralisation. Il intégra les organisations de défense des intérêts économiques et sociaux, supprima les élections libres, créa un ersatz de représentation politique, utilisa des organisations satellites, mais eut recours à des administrations parallèles pour gérer la crise économique.
Sabino Cassese bouscule des idées-reçues, sur l’existence même d’un État spécifiquement fasciste, sur les liens entre cet État et l’État libéral, sur ses héritages dans l’État démocratique, sur les réalités et les conséquences du corporatisme mussolinien, souvent escamotées. Les faits qu’il met au jour prendront à contre-pied bien des certitudes et des représentations idéologiques touchant au fascisme, au totalitarisme et à la nature même de l’État, pouvant susciter en France comme en Italie le débat, au-delà des polémiques.
Traduction et préface d’Éric Vial
L’auteur et le traducteur
Sabino CASSESE, professeur émérite à l’École normale supérieure de Pise et juge au Conseil constitutionnel italien, est l’un des principaux spécialistes des problèmes de l’État et de l’administration. Il a été ministre de la Fonction publique en 1993-1994 dans le gouvernement de Carlo Azeglio Ciampi avant que celui-ci ne devienne président de la République. Parmi ses nombreux ouvrages ont été traduits en français : La Composition de l’État en Europe (en codirection avec V. Wright, La Découverte, 1996) ; La Construction du droit administratif : France et Royaume-Uni (Montchrestien, 2000) ; Culture et politique du droit administratif (Dalloz, 2008) ; et Au-delà de l’État (Bruylant, 2011).
Éric VIAL, professeur d’Histoire contemporaine à l’université de Cergy-Pontoise, est spécialiste de l’histoire politique de l’Italie au XXe siècle, en particulier de l’émigration antifasciste en France. Il a notamment publié L’Union populaire italienne 1937-1940. Une organisation de masse du parti communiste italien en exil (École française de Rome, 2007) et La Cagoule a encore frappé ! L’assassinat des frères Rosselli (Larousse, 2010) ; codirigé La Tentation populiste au cœur de l’Europe (La Découverte, 2003), Les Petites Italies dans le monde (PUR, 2007) et Emilio Lussu (1890-1975) (MSH-Alpes, 2007) ; et dirigé Jean Moulin. L’âme de la Résistance et Léon Blum. Républicain, démocrate et socialiste (Garnier classiques, 2012). Aux éditions Rue d’Ulm, il a traduit et présenté dans la collection « Italica » une sélection de textes politiques de Piero Gobetti, Libéralisme et révolution antifasciste (2010).
Sommaire
Introduction - L’État fasciste a-t-il existé ?
I - QUEL TYPE D’ÉTAT FUT L’ÉTAT FASCISTE ?
Les traits fondamentaux de l’État dans la période fasciste Les permanences • Les priorités de la politique législative du fascisme • La concentration du pouvoir • L’évolution pluraliste • La personnalisation institutionnalisée du pouvoir • La composante rationalisatrice • Les institutions des années 1930 dans la longue durée.
L’État fasciste Histoire de la question • Difficultés de la question • Éléments de définition et de méthode.
Les stratégies institutionnelles du fascisme La société civile • L’État • L’État organique et ses faiblesses.
La continuité entre l’État libéral, l’État fasciste et l’État démocratique La presse • Les associations, syndicats et partis • La liberté d’opinion et la propagande • L’action de la police • Le système politico-administratif et ses hautes sphères • L’ordre corporatif.
Un État totalitaire ?
II - LE CORPORATISME FASCISTE ET LA PREMIÈRE CRISE DE L’ÉTAT
Le corporatisme comme phénomène mondial Une « poussée fébrile, qui n’eut qu’un temps » ? • Un fatras de tendances et d’idées • Corporatisme fasciste et première crise de l’État.
L’État et les syndicats Coup d’œil sur les institutions corporatistes fascistes • « Incorporer les organisations de résistance économique aux rouages de l’État bourgeois » • « Une pyramide qui repose sur sa pointe » • La bureaucratie syndicale et la promotion politique de ses chefs.
Les corporations en action Du corporatisme sans corporations aux corporations sans corporatisme • Un manuel de techniques anticoncurrentielles • Les organisations corporatives satellites.
L’État fasciste corporatif Le corporatisme comme ersatz de représentation politique • « Une nouvelle civilisation politique » : « attentes et espérances » suscitées par le corporatisme • Corporatisme et fascisme.
Remerciements
Index
La traduction de cet ouvrage a été effectuée avec la contribution du SEPS