
Repenser la nature
DEWEY, CANGUILHEM, PLESSNER
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Communiqué de presse
Revue de presse
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Actes de la recherche à l'ENS n° 34
Résumé
Dans une période postpandémique, marquée par de multiples crises écologiques, la nécessité de repenser le rapport de l’être humain avec la nature est au centre non seulement de l’actualité politique, mais aussi de la réflexion philosophique. Pourtant, la prise en compte de la place de l’humain dans la nature comme de la nature dans l’être humain n’est pas totalement nouvelle au XXIe siècle. Ce geste théorique a été l’horizon philosophique commun à trois courants de pensée du début du siècle précédent : le pragmatisme américain, la philosophie de la vie française et l’anthropologie philosophique allemande, dont respectivement John Dewey, Georges Canguilhem et Helmuth Plessner ont été des représentants éminents.
En dépit de leurs différences, ces trois auteurs partagent la volonté d’élaborer un naturalisme alternatif, afin de penser l’entrelacement entre nature et culture sans réduire l’une à l’autre. Ainsi, ils ouvrent la possibilité d’une troisième voie entre deux positions symétriques, un naturalisme réductionniste et un antinaturalisme radical, qui manquent tous les deux la relation dynamique qui s'institue entre ces deux pôles. La conviction qui anime les contributions réunies dans ce volume est qu’un détour historique par les pensées de Dewey, Canguilhem et Plessner permet de faire émerger des outils théoriques et critiques féconds pour repenser la nature, outils que la réflexion contemporaine gagnerait à réactiver.
Les auteurs
Andrea ANGELINI est maître de conférences à l’Université Paris 8 Vincennes- Saint-Denis et il collabore avec le Centre Cavaillès de l’ENS-PSL. Ses recherches portent sur la philosophie française contemporaine, l’écologie politique, l’épistémologie des sciences biologiques, médicales et sociales et la philosophie de la nature, de l’environnement et de la technologie. Il est également membre du comité de rédaction de la revue internationale Materiali foucaultiani et
membre du « Research Network on the Tradition and Methods of Historical Epistemology » (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Il a publié dans plusieurs revues internationales et est l’auteur de Biopolitica ed ecologia. L’epistemologia politica del discorso biologico in Michel Foucault e Georges Canguilhem (Firenze University Press, 2021).
Julie ARNAUD est ancienne élève de philosophie à l’ENS de Lyon. Elle est actuellement doctorante en philosophie contemporaine à l’Université Jean Moulin-Lyon 3 sous la co-direction de Stéphane Madelrieux (Université Jean Moulin-Lyon 3) et de Claude Gautier (ENS de Lyon) et rattachée à l’Institut de recherches philosophiques de Lyon (IRPhiL). Elle est également professeure agrégée de philosophie dans l’enseignement secondaire. Sa thèse porte sur la fonction sociale de l’imagination dans la philosophie sociale et politique de John Dewey. Ses recherches concernent plus généralement la philosophie sociale et politique pragmatiste.
Ugo BALZARETTI a obtenu une licence en littérature italienne, littérature française et philologie romane à l’Université de Fribourg et il a étudié la philosophie à Berlin et à Potsdam. Sa thèse, soutenue à l’Université de Bâle en 2016, est parue en allemand en 2018 sous le titre Leben und Macht. Eine radikale Kritik am Naturalismus nach Michel Foucault und Georges Canguilhem (Velbrück Verlag). Ses recherches portent sur l’épistémologie historique et sur la philosophie française de la seconde moitié du XXe siècle, ainsi que sur l’idéalisme allemand et la « Kritische Theorie ». Il enseigne la philosophie au Liceo cantonale de Bellinzona en Suisse et est chercheur associé auprès de l’Institut des humanités en médecine de l’Université de Lausanne-CHUV.
Arto CHARPENTIER est normalien, agrégé et doctorant en philosophie à l’ENS-PSL. Sa thèse porte sur le naturalisme culturel de John Dewey, dont il interroge la fonction instrumentale pour l’enquête et la critique sociales. Plus généralement, il travaille sur le pragmatisme américain, l’histoire de la philosophie du XXe siècle en France et aux États-Unis, et la philosophie sociale contemporaine (notamment les théories queer et féministes). Après avoir enseigné à UC Berkeley, à l’Université PSL et à l’Université Paris-Nanterre, il est actuellement attaché temporaire d’enseignement et de recherche (Ater) à l’Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis.
Marco DAL POZZOLO est ancien étudiant à l’ENS-PSL. Il est actuellement doctorant en philosophie à l’Université de Bourgogne, sous la direction de Jean-Philippe Pierron. Il est fondateur du groupe de recherche Prospettive Italiane de Bologne. Ses recherches doctorales sont centrées sur la relation théorique entre le milieu et le pathologique, à partir du cas du stress chronique. Il travaille plus généralement sur la philosophie de la médecine et sur la philosophie italienne et française contemporaine.
Thomas EBKE a étudié la philosophie, la littérature anglaise et américaine et la littérature allemande à l’Université Friedrich Schiller d’Iéna (2000-2002) puis à l’Université de Potsdam (2002-2006) en Allemagne, où il a obtenu sa maîtrise en 2006 et son doctorat en 2012. Ses recherches portent notamment sur l’anthropologie philosophique, l’idéalisme allemand, l’épistémologie historique et, plus généralement, sur la philosophie française du XXe siècle. Il a publié deux monographies : Doppelaspekt des Lebens und Zwiefachheit der physis : Ein systematischer Vergleich zwischen Helmuth Plessner und Martin Heidegger (Meidenbauer, 2008) ; Lebendiges Wissen des Lebens. Zur Verschränkung von Plessners Philosophischer Anthropologie und Canguilhems Historischer Epistemologie (Akademie, 2012). De 2014 à 2020, il a été chercheur à l’Institut de philosophie de l’Université de Potsdam et occupe, depuis 2022, un poste au Centre de recherche en philosophie allemande classique de l’Université de la Ruhr à Bochum.
Heike KOENIG a étudié la philosophie, les mathématiques et la pédagogie à l’Université de Wuppertal, en Allemagne. Depuis 2016, elle est assistante de recherche à la Chaire d’esthétique et de philosophie de la culture dirigée par le professeur Gerald Hartung à l’Université de Wuppertal. Ses domaines de recherche incluent la philosophie de la culture, l’anthropologie philosophique, la philosophie de l’éducation et le pragmatisme américain. Elle rédige actuellement une thèse sur les promesses d’une philosophie de la culture élaborée à partir d’Ernst Cassirer et de John Dewey.
Paolo MISSIROLI est titulaire d’un doctorat en philosophie de la Scuola Normale Superiore de Pise et de l’Université Paris Nanterre. Il est chargé d’un cours de philosophie théorique à l’Université de Modène et Reggio Emilia et « expert en la matière » au département de philosophie de l’Alma Mater Studiorum- Université de Bologne, où il collabore à la chaire d’histoire de philosophie française contemporaine. Spécialiste de la pensée philosophique française contemporaine, en particulier de Merleau-Ponty et de la philosophie française des années 1930, il s’intéresse à l’anthropocène, au rapport de l’humain au monde, à l’écologie et à sa possible déclinaison en termes politiques.
Matteo PAGAN, ancien étudiant à l’ENS-PSL, est actuellement doctorant en philosophie à la Scuola Normale Superiore de Pise et à l’EHESS, sous la supervision de Simona Forti et de Barbara Carnevali. Sa recherche doctorale vise à faire dialoguer les pensées de Helmuth Plessner et de Maurice Merleau-Ponty, en particulier sur la question de la subjectivité. Il s’intéresse à la philosophie française et allemande contemporaine, notamment à la phénoménologie et à l’anthropologie philosophique.
Caterina ZANFI est chargée de recherche au CNRS, au laboratoire Pays germaniques-Transferts culturels à l’ENS-PSL. Ses recherches portent sur les philosophies de la vie européennes du début du xxe siècle et sur leurs liens avec l’anthropologie philosophique. Elle est l’autrice de Bergson, la tecnica, la guerra (Bologne, 2009) et de Bergson et la philosophie allemande (avec une préface de F. Worms, Armand Colin, 2013, disponible aussi en italien, allemand et russe). Elle codirige avec Frédéric Worms la revue Bergsoniana et préside depuis 2018 la Société des amis de Bergson.
Sommaire
Introduction. Dewey, Canguilhem et Plessner : trois alternaturalismes, par Arto CHARPENTIER, Marco DAL POZZOLO et Matteo PAGAN
Première partie. Le « naturalisme culturel » de John Dewey
Repenser les rapports entre la nature et la culture. La révision du problème du corps-esprit chez John Dewey et ses implications pour l’idée de la philosophie, par Heike KOENIG
Comprendre le naturalisme de John Dewey comme une attitude à travers le problème de l’individualité, par Julie ARNAUD
Georges Canguilhem et John Dewey. La vie comme critique, invention et expérimentation, par Arto CHARPENTIER
Deuxième partie. La « biophilosophie » de Georges Canguilhem
Repenser le milieu par l’Umwelt. Les lectures croisées de Georges Canguilhem et Maurice Merleau-Ponty, par Marco DAL POZZOLO
Georges Canguilhem et Michel Foucault. « Philosophie biologique » et amphibolies de l’anthropologie moderne, par Ugo BALZARETTI
Philosophie biologique et naturalismes. Resituer la nature dans la théorie critique, par Andrea ANGELINI
Troisième partie. La « biologie philosophique » de Helmuth Plessner
Les Degrés de l’organique « à rebours ». De l’anthropologie philosophique à la philosophie de la nature de Helmuth Plessner, par Matteo PAGAN
La mort comme « non-être ». Plessner et Merleau-Ponty vers un naturalisme réaliste, par Paolo MISSIROLI
Limites et erreurs. Les dialectiques précaires de la vie chez Helmuth Plessner et Georges Canguilhem, par Thomas EBKE
Conclusion. Quand l’être humain est devenu vivant. L’Homo faber dans l’anthropologie philosophique, la philosophie de la vie et le pragmatisme, par Caterina ZANFI
Bibliographie
En bref