
Fragments d'une histoire globale de l'art
Acheter le livre numérique sur le site de l’un de nos partenaires :
Communiqué de presse
Revue de presse
【Version papier disponible en impression à la demande
sur ce site, au prix indiqué.】
Actes de la recherche à l'ENS n° 33
Résumé
À l’heure où l’histoire s’écrit au niveau « mondial », « global » ou encore « transnational », il est indispensable de faire de même en histoire de l’art, en construisant un récit qui ne soit pas centré sur le monde occidental mais qui, au contraire, considère toutes les œuvres à parts égales, dans le temps et dans l’espace. Or, une telle exigence requiert une connaissance à la fois encyclopédique et fine des productions artistiques. Face à l’impossibilité de maîtriser toutes les langues et toutes les cultures, l’ambition d’une « histoire globale de l’art » peut apparaître comme une entreprise démesurée, donc vaine. Au grand récit simplificateur, cet ouvrage préfère la modestie du fragment. Il s’appuie ainsi sur l’analyse intime de cinquante œuvres diversifiées, choisies pour leur caractère « hybride » et il esquisse, par petites touches, une histoire décentrée des productions artistiques du XVIe siècle à nos jours, des beaux-arts au cinéma, en passant par les arts décoratifs et l’architecture.
L'auteure
Ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée de sciences économiques et sociales, Léa SAINT-RAYMOND est docteure en histoire de l’art et chercheuse associée à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine. Sa thèse, publiée sous le titre À la conquête du marché de l’art. Le Pari(s) des enchères (1830-1939), a reçu le prix du musée d’Orsay en 2019. Après avoir été Guest Scholar au Getty Research Institute et ATER au Collège de France, elle coordonne actuellement l’Observatoire des humanités numériques de l’ENS-PSL et le centre d’excellence Jean Monnet IMAGO. Elle est également responsable du parcours « marché de l’art » à l’École du Louvre et chargée de cours, en histoire de l’art, au CPES de PSL.
Sommaire
Introduction
De l’histoire comparée aux histoires connectées
Les écueils de l’influence et de la prédation
Pour des histoires enchevêtrées d’artefacts
1. Métissages artistiques à l’heure de la première mondialisation
(XVe-XVIIe siècle)
Un olifant afro-portugais hybride
Entre technique aztèque et iconographie chrétienne
L’amalgame moghol sur le thème de Tobie et de l’Ange
Représenter les péripéties de l’« autre » occidental
Kraak : le paradoxe d’une porcelaine d’exportation
2. Transferts culturels sino-européens au XVIIIe siècle
La fabrique d’un substitut hollandais
Chine-Hollande-Japon-Chine-Europe : itinéraire d’une assiette Imari
Les chinoiseries, un exotisme incorporé au quotidien
Substitution et réinterprétations, la fabrique d’une Chine rêvée
La peinture de cour chinoise dans la perspective européenne
3. Orientalisme(s), contre-orientalisme(s)
Un pastiche oriental, à l’Exposition universelle de Londres
L’Orient, porte d’accès ethnographique et archéologique à la Bible
L’ironie d’un Ottoman à Berlin
L’« art palestinien », un No Man’s Land ?
Des images en contrepoint
4. La gravure à l’épreuve du Japon
Une langouste japonaise dans une assiette française
La révélation de l’estampe ukiyo-e
1889, année zéro de la gravure sur bois « française »
Aquarelle bretonne ou estampe japonaise ?
La poésie du Gyotaku
5. Le Japon face à l’Occident : incorporations et réactions
Jouer sur les mots pour exporter la peinture de nu
Nihonga
Et si le manga regardait vers l’Occident ?
Abstrait ou concret ? Déplacements de sens… en tous sens
La performance
6. Impressions d’Afrique
Du document au monument hybride
Vers la modernité… et la perte du sens
(Ré)appropriation et nationalisation d’un masque Baga
Rire de la mauvaise foi muséale
Déjouer la fausse africanité, en gentleman
7. Entre indigénismes et syncrétismes américains
Des Africains-Américains, nouveaux modèles de maîtres anciens
Heurter le naturalisme, renouer avec l’animisme
Les resémantisations d’un motif félin
Entre indigénisme et modernisme brésiliens
Au-delà du simple indigénisme ? Le muralisme mexicain
8. Un art « originel » est-il chimérique ?
Objets des îles, matière à penser surréaliste
Un kangourou-totem, orienté vers le spectateur européen ?
Tout à la fois maître ancien et artiste contemporain
Le temps du rêve, sur toile
Mythologie contemporaine
9. Face aux révolutions : résonances, dissonances
La révolution culturelle au pied de la lettre
Le succès d’une nouvelle (s)cène chinoise
À l’école des lettrés chinois et des primitifs flamands
Des Terracotta Soldiers aux Terracotta Daughters
Les États-Unis dans le viseur politique et artistique
10. Conjuguer régionalisme et modernité en architecture
L’architecture japonaise au secours d’un régionalisme américain
Le passé (re)composé
Architecture et militantisme bretons
Le défi d’une architecture aussi bien internationale que locale
L’invention d’un style « néo-andin »
Conclusion. Derrière l’histoire « globale » de l’art, une géopolitique de l’universel
Les magiciens de la Terre aux modernités plurielles : peut-on écrire une histoire de l’art réellement décentrée ?
« Aux échecs, les pions blancs sont toujours ceux qui ouvrent la partie »
L’universel, miroir tendu par – et vers – l’Occident
De l’universel et du global, faisons table rase ?
Bibliographie
Crédits photographiques
En bref